jeudi 21 mars 2013

L'ESS, existe-t-il quelqu'un qui sache vraiment ce que c'est ?!


L'économie sociale et solidaire, qu'est ce que c'est ?? Pour un cours à l'université, la consigne nous a été donnée d'écrire des articles traitant de ce sujet. Mais avant d'expliquer ce qu'est un Système d'Echanges Locaux (SEL) ou une Société Coopérative et Participative (SCOP), nous nous sommes penchées sur la définition de l'Economie Sociale et Solidaire afin d'en mieux comprendre les buts et les enjeux. A notre grande surprise, la tâche s'est vite révélée semée d'embuches puisqu'il apparaît clairement que l'ESS est un domaine aux frontières floues qui peut même apparaître un peu fourre-tout !
Petit tour d'horizon des interrogations et incohérences relevées :

  • Si toutes les sources s'accordent sur les valeurs fondamentales de l'ESS (autonomie de gestion, primauté des personnes et du travail sur le capital, gestion démocratique et participative, patrimoine collectif et impartageable, utilité collective ou utilité sociale du projet et mixité des financements entre ressources privées et publiques), on se rend compte en comparant les chiffres communiqués que l'ESS peut être vue d'une manière plus ou moins étendue. Certains y incluent l'ensemble des associations, des coopératives et des mutuelles (1.8millions d'emplois en France, 10% du PIB), sans se pencher sur les objectifs réels de ces structures qui n'ont pas toujours de rapport avec l'économie sociale et solidaire (on pense par exemple à des associations pour les joueurs de pétanque ou pour des passionnés de philatélie). 

  • De plus, on pourrait croire que certains services proposés de nos jours relèvent de l'économie sociale et solidaire, comme par exemple le co-voiturage, qui permet de limiter les émissions de CO2 et de voyager « responsable ». S'il est vrai que l’auto partage entre particuliers propose «non pas de supprimer l'automobile mais d'instaurer une autre utilisation, plus en liens avec les besoins des citoyens et plus respectueuse de l'environnement», toutes les plateformes de co-voiturage n'aspirent pas aux même buts pour autant : sur le site internet de Covoiturage.fr (premier site en la matière), il n'est mentionné aucune vocation sociale ou solidaire.
    Il convient donc de s'efforcer de différencier les services relevant effectivement de l'ESS
    de par leurs valeurs, de services similaires ayant pour seul objectif la création de profits.

  • Le fait qu'il n'existe pas de définition précise de l'ESS, mais seulement un ensemble de valeurs fondamentales contribue à faire de l'ESS un concept fourre-tout. Ainsi, sur le site du gouvernement, on trouve par exemple les animateurs périscolaires comme travailleurs de l'économie sociale et solidaire. Pourtant, ne sont-ils pas employés du service public ? L'ESS n'est-elle pas censée « être indépendante des pouvoirs publics » ?
    Le fait que l'ESS ne soit pas encore reconnue totalement et chiffrée par des études statistiques contribue à maintenir la discipline dans le flou.
L'ESS, une définition plus ou moins large selon les sources.

  • Matthieu Hély, sociologue et maître de conférence à l'université de Paris X-Nanterre, avance l'idée (ici) que si l'ESS est un secteur d'activité très représenté dans le travail associatif, c'est à cause de l'image négative des travailleurs associatifs. En effet, ceux-ci sont considérés comme des « bénéficiaires » d'une prestation et encouragés à trouver un « vrai » emploi. Ils s'orientent alors vers des structures à but social et/ou solidaire, source de valorisation personnelle, à défaut d'avoir un statut professionnel valorisant. Le sociologue souligne la nécessité de construire une forme spéciale de salariat «subordonné à l'utilité sociale» qui permettrait de valoriser les emplois associatifs.

Pour conclure, nous citerons l'écrivain Marc Twain:

"Certains voient les choses comme elles sont et se disent pourquoi. D'autres voient les choses comme elles pourraient être et se disent pourquoi pas."

Car l'économie Sociale et Solidaire, même si elle reste encore à définir, n'en est pas moins une vision du monde qui se veut humaniste et innovante. Elle a le noble dessein, dans un monde économique capitaliste et ultra-concurrentiel, de privilégier l'Humain plutôt que le profit, et il nous semble primordial d'encourager ce genre d'initiatives.

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