jeudi 28 mars 2013

Le Microcrédit : Entre rêve et cauchemar




Le Rêve est bien loin!



                                              Il était une fois au Bangladesh en 1976, un homme appelé Muhammad Yumus ("le préteur d'espoir") qui développa un système appelé le Microcrédit. Il créa un palais financier : la Grameen Bank. Mr Yunus a eu l'idée de prêter de l’argent à un groupe de 5 femmes pour qu'elles puissent créer chacune leur petite entreprise. Dans ce système, chaque femme était garante des autres, quand une ne pouvait pas payer les autres étaient là. Ces femmes devaient rembourser et payer un taux d’intérêt de 20%. Certes, le taux était élevé mais moins que les préteurs locaux qui exigeaient 150% d’intérêt. Les femmes remboursaient leur prêt à 100% et leur situation matérielle s'améliora.

Une trentaine d'années plus tard, à partir de l'expérience limitée et sans but lucratif réalisée au Bangladesh, la microfinance avait pris une envergure mondiale. Ainsi, il y a aujourd'hui environ 195 millions de bénéficiaires du microcrédit dans le monde. Ce système était le moyen de sortir les personnes de la pauvreté, ils pouvaient changer de vie et avoir un avenir serein mais voilà, la mondialisation du microcrédit et la rentabilité de ce système pour les organismes de microcrédit (dans le monde il y a plus de 3000 organismes) allaient finalement devenir un cauchemar pour les personnes bénéficiant du microcrédit.
En effet, les problèmes étaient nombreux :

Les taux d'intérêts des microcrédits étaient trop élevés (de 20 % à 35%), même si l'on tenaient compte de l'inflation. Le problème était que les institutions de microfinance avaient des coûts beaucoup plus élevés que les banques commerciales. Dans certaines institutions, les taux d’intérêt couvraient uniquement les frais de gestion, mais d’autres y ajoutaient une prime de risque. Pour les banques, prêter à des pauvres était un risque. De l’avis général, il était indispensable que la concurrence s’intensifie pour faire baisser les taux d’intérêts. 

Autres problèmes, le microcrédit poussait au suicide. Dans l’état de l’Andhra Pradesh dans le Sud de l’Inde, le gouvernement avait comptabilisé 200 suicides de citoyens criblés de dettes. Selon les rapports de l’ Associated press, les employés de SKS (leader du microcrédit indien) auraient harcelé verbalement et physiquement les débiteurs. Ils les auraient même incité à vendre leurs biens et les auraient humilié publiquement en organisant des sit-in devant chez eux.

Le microcrédit ne devait pas être un système à but lucratif pour les organismes de microfinance. Hélas, SKS avait fait son entré en Bourse en 2010. Le microcrédit était-il compatible avec la Bourse? On le savait, la Bourse influençait considérablement la gouvernance de l’entreprise en inversant l’ordre des valeurs en son sein: le client devenait un moyen au service de la satisfaction de l’actionnaire. Seule la hausse des profits, des dividendes et de la valeur intéressait ce dernier et le marché allait donc opérer une pression sur le chef d’entreprise condamné à satisfaire la communauté des investisseurs, à optimiser sa rentabilité, augmenter ses prix, le nombre de ses clients etc. Cette entreprise (car on parle bien d’une entreprise) avait affichée en 2010 des revenus de 159 millions d'euros et un taux de rendement des capitaux propres de 24 %, lors de l'année fiscale se terminant au 31 mars 2010. De quoi attirer les investisseurs. 

Voici la dure réalité, l’argent des pauvres et les promesses des organismes de les sortir de la pauvreté étaient une utopie. Le Capitalisme avait encore frappé. D’autres problèmes existaient, le microcrédit avait pour certaines personnes été bénéfiques mais il était difficile d’avoir un chiffre précis, de famille réellement sortie de la pauvreté. Au Bangladesh, le microcrédit devait sortir les personnes de la pauvreté mais aujourd’hui le pays fait toujours partie des pays les moins avancés (PMA). Il est impossible à ce jour, de dire que les emprunteurs du microcrédit eurent beaucoup de richesses et vécurent heureux !! 
 Fin

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