samedi 6 avril 2013

La réinsertion des détenus : la reconstruction d’une vie





          La prison fait partie de la vie du détenu et également de sa réinsertion. En effet, même à la fin de la détention, la condamnation est souvent présente. Réinsérer quelqu'un consiste à réintroduire à nouveau quelqu'un dans la société, lui retrouver une place. Il y a deux types de réinsertions : professionnelle et sociale. Nous allons aborder le sujet de l’efficacité de cette réinsertion professionnelle, dans le cadre de l'économie sociale et solidaire

          Les opérations de réinsertion professionnelle démarrent dès l'entrée du détenu dans un centre pénitencier afin de préparer au mieux sa sortie. Cette réinsertion consiste à la reprise d’une activité professionnelle. Pour faciliter cela, cette réinsertion se prépare dans la prison, en suivant des cours (formations professionnelles etc.) ou en travaillant dans des ateliers ou aux services généraux.
Il y a des assistances sur lesquelles les anciens prisonniers peuvent s’appuyer, comme l'Etat. Il aide grâce à des organismes mis en place tels que le Pôle Emploi et les Assedic (indemnités chômage). Le Pôle Emploi va, par exemple, permettre aux services pénitentiaires d’insertion et de probation (S.P.I.P.) de proposer un accompagnement personnalisé aux personnes détenues à la recherche d’un emploi. Ils pourront accéder à l’ensemble des services en relation avec leur projet professionnel : évaluation et bilan de compétences, capacités professionnelles etc. Toutes les actions engagées pour favoriser la réinsertion professionnelle sont de nature à mieux lutter contre la récidive.

          Cependant, toutes ces actions pour permettre aux détenus de refaire leur vie et de retrouver une place dans la société sont-elles vraiment efficaces ? Ces individus arrivent-ils vraiment à se reconstruire une vie et sont-ils vraiment suivis ?
Plusieurs études de l’administration pénitentiaire montrent que les détenus sortent de prison sans aucune ressource. Trente pour cent d’entre eux se retrouvent sans argent, sans emploi et sans abri, un tiers se retrouve seul. Certains anciens détenus deviennent souvent SDF et/ou chômeurs. Le Pôle Emploi, qui intervenait pourtant en prison pour préparer le retour des détenus dans le marché du travail, n’a pas les moyens de faire un suivi des détenus à leur sortie.
De plus, le regard porté sur un détenu et les préjugés affaiblissent mentalement et découragent. Les patrons et employeurs n’ont parfois pas confiance malgré la peine purgée et évitent d’engager ces individus. Et on peut malheureusement reconnaître que, dans certains cas, les défaillances de la réinsertion ont pour causes les détenus eux-mêmes. La réinsertion passe par la motivation et la prise de conscience de l’acte commis, ce qui est difficile pour certains. Ceux-ci  se renferment sur eux-mêmes.



          L’économie sociale et solidaire peut être une alternative à cette réinsertion professionnelle difficile. Le témoignage suivant d’un détenu ayant eu recours à cela montrent l’efficacité de cette économie. (Retrouvez cette interview en intégralité sur Interdependances.org)
Fabrice B, ancien détenu, a intégré  « Id'ees 21» qui est l'une des plus importantes structures de l'insertion par l'activité économique en France : 
« Moi j'ai fait douze ans de prison. A la fin j'ai cherché à en sortir en régime de semi-liberté. Alors pendant mes permissions je démarchais et je suis tombé sur Id'ees 21 (…) J'ai bossé sur une chaîne d'emballage pour la fromagerie Bel. (…) L'encadrement était très bon. Ils passaient régulièrement dans l'atelier (…) On était beaucoup à sortir de prison (…) Heureusement que des bonnes personnes, chez Id'ees 21, m'ont aidé à sortir de prison. La prison, pour la réinsertion, je ne suis pas sûr. La détention ça devrait être un peu plus dur mais beaucoup moins long. Avec des peines de vingt ans de prison, on fabrique des sauvages (…) »
Cette économie est bénéfique pour le détenu. Celui-ci, devenu fragile par sa condamnation et n’ayant pas toujours les ressources suffisantes pour satisfaire ses besoins, est accompagné intégralement dans sa démarche de réinsertion. Il est le centre de cette économie solidaire. Il occupe une activité professionnelle qui l’aidera à lutter contre son exclusion tout en apportant à la société le fruit de son travail. Il se sent utile, soutenu, autonome, pourra reprendre confiance en lui et reconstruire sa vie.

          Les difficultés morales et administratives engendrent des complications quant à la réinsertion professionnelle des ex détenus. Le poids de leur lourd passé surpasse parfois leur volonté de se reconstruire et de trouver un emploi, et celle de la population de les aider. Pourtant, et heureusement, des associations les soutiennent quand leur famille et leurs amis le font difficilement. A force de motivation et de soutien, la plupart des détenus arrivent à retrouver une existence normale et à se réinsérer professionnellement et, par la suite, socialement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire